Des chercheurs de la Faculté de médecine ont découvert que le taux d’hémoglobine glyquée chez les enfants souffrant de diabète de type 1 suivis au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine (CHU Sainte-Justine), affilié à l’Université de Montréal, est directement et négativement corrélé au revenu des ménages. L’hémoglobine glyquée, sur laquelle s’est fixée une molécule de glucose, permet d’évaluer si un patient est en mesure de contrôler adéquatement son taux de glycémie. En effet, au fil du temps, un taux de glycémie élevé provoque une forte concentration d’hémoglobine glyquée. « Notre étude démontre que malgré l’accès à des soins de santé gratuits, il existe une disparité marquée entre l’état de santé des enfants atteints de diabète de type 1, selon qu’ils proviennent d’un milieu riche ou pauvre », explique le docteur Johnny Deladoëy, professeur adjoint de clinique au Département de pédiatrie de la Faculté de médecine et responsable des travaux.
Les chercheurs se sont basés sur les résultats de tests réalisés auprès de 1 766 enfants ayant reçu un diagnostic de diabète de type 1 au CHU Sainte-Justine entre 1980 et 2011. Pour effectuer leurs travaux, ils ont estimé le revenu familial de ces patients en établissant le revenu médian des familles en fonction de leur code postal, selon les données de Statistique Canada, en plus d’harmoniser les taux déclarés d’hémoglobine glyquée (HbA1c). « Nous savons qu’un éventail de facteurs socioéconomiques influent sur le contrôle métabolique du diabète chez les enfants atteints. Or, il est difficile de comparer les études puisque les chercheurs évaluent ces facteurs sous différents angles, poursuit le docteur Deladoëy. Toutefois, le revenu médian constitue un bon point de comparaison recoupant l’ensemble des facteurs. » De plus, toutes les études sur le sujet avaient été réalisées dans des pays où les patients devaient payer pour consulter un professionnel de la santé. Le docteur Deladoëy et son équipe sont les premiers à s’attaquer à la question dans un contexte de soins de santé gratuits. Une étude effectuée en Ontario, publiée au même moment dans un autre journal, fait état de résultats similaires.
Puisque de nombreux facteurs influent sur le traitement de cette maladie, les chercheurs n’ont pas été surpris des résultats. « Les résultats confirment notre impression clinique : le facteur le plus fortement corrélé avec le traitement du diabète de type 1 est le revenu des ménages », affirme le docteur Deladoëy. Plus important encore, les chercheurs ont découvert que la différence entre les taux d’hémoglobine glyquée chez les enfants provenant des milieux les plus pauvres et les plus riches correspondait à un risque doublé de souffrir d’une affection oculaire (le diabète étant la principale cause de cécité chez les adultes). « Le diabète de type 1 est une maladie chronique nécessitant de multiples injections d’insuline par jour, qui oblige la personne atteinte à subir des tests sanguins tout au long de sa vie. Notre étude suggère que les enfants souffrant de diabète de type 1 et vivant dans un milieu à faible revenu devraient bénéficier d’un soutien accru, par exemple en augmentant le nombre et la durée des visites des travailleurs sociaux », conclut le docteur Deladoëy.
À propos de cette étude :
Johnny Deladoëy, Mélanie Henderson et Louis Geoffroy ont publié leur étude, intitulée « Linear association between household income and metabolic control in children with insulin-dependent diabetes mellitus despite free access to healthcare », dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism le 28 mars 2013. Les trois auteurs travaillent au sein du département de pédiatrie de l’Université de Montréal et du service d’endocrinologie et de diabète du Centre hospitalier universitaire mère-enfant Sainte-Justine affilié à l’Université de Montréal. Cette étude a bénéficié du financement de Girafonds, par l’entremise de la Fondation du CHU Sainte-Justine.
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