Se vêtir, un acte pas si facile!

Les vêtements sont une caractéristique de presque toutes les sociétés humaines, mais s’habiller n’est pas si facile pour des gens plus âgés ou en situation de handicap. Alida Esmail étudie à l’École de réadaptation et au Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation du Montréal métropolitain (CRIR). Elle travaille sur un projet de recherche qui aborde les défis vestimentaires pour les personnes présentant une incapacité physique. « Concrètement, je me questionne sur la façon dont les vêtements peuvent faciliter la vie de ces personnes ou au contraire les limiter dans leurs activités quotidiennes (se déplacer, cuisiner, etc.) et dans la réalisation de leurs rôles sociaux (être travailleur, parent, etc.). »

[box]
Selon Statistique Canada, 14% des personnes de 15 ans et plus présentent une ou plusieurs incapacités qui les limitent dans leurs activités, tel que s’habiller. Cette proportion augmente à 43% chez les personnes de 75 ans et plus. [/box]

Après avoir obtenu un baccalauréat en danse contemporaine à l’Université Concordia en 2013, Alida Esmail coordonne un essai clinique randomisé ​évaluant les effets de la thérapie par la danse chez aînés. Cet essai, réalisé en collaboration avec Les Grands Ballets canadiens de Montréal, était intitulé Danser pour mieux vieillir. Il visait à évaluer les effets d’un programme de thérapie par la danse et le mouvement sur le conditionnement physique, la fonction cognitive et la qualité de vie des aînés (>60 ans) sains et inactifs. Ce projet, qui a impliqué plus de 130 individus, a été une source d’inspiration et une grande motivation pour m’inscrire à la maîtrise à l’École de réadaptation, confie celle qui enseigne aussi le Pilates.

« Avec cette expérience, j’ai découvert le potentiel de cette riche collaboration intersectorielle entre les arts et la santé. Elle a engendré cette réflexion : le croisement entre l’art et la science, c’est là ma passion! »

C’est un projet subventionné par un partenariat entre l’Office des personnes handicapées du Québec (l’OPHQ) et le Réseau provincial de recherche en adaptation-réadaptation (REPAR) qui l’a menée à s’impliquer concrètement dans une recherche spécifique qui intègre les vêtements. Cette subvention a été octroyée à sa directrice de recherche, la Dre Bonnie Swaine, et 11 collaborateurs, majoritairement chercheurs du CRIR. Ce projet est venu des discussions d’une communauté de pratique comprise par des parties prenantes intéressées à améliorer la participation des personnes en situation de handicap. Cette communauté de pratique était formée dans le contexte d’un autre grand projet multidisciplinaire et intersectoriel du CRIR intitulé  Laboratoire vivant de réadaptation. L’habillement lui est apparu comme un sujet peu étudié et qui, selon elle, méritait une exploration plus approfondie.

« Lorsque j’en ai entendu parler, j’ai tout de suite été intriguée et j’ai eu plein d’idées! Pour moi, c’était un territoire inconnu, mais j’étais déterminée à intervenir et à explorer un autre moyen de réunir l’art et la science ainsi que la recherche et le pratique. »

Mon but ultime est de contribuer au développement d’une société plus inclusive.

Actuellement, Alida Esmail travaille avec une équipe interdisciplinaire comprenant des chercheurs en réadaptation, des cliniciens, des personnes ayant une incapacité physique, des proches aidants et des représentants de l’industrie de la mode. Son but est d’élaborer des recommandations précises pour les concepteurs de vêtements afin qu’ils puissent créer des pièces novatrices qui répondront aux besoins des personnes ayant une incapacité physique. « Mon but ultime est de contribuer au développement d’une société plus inclusive. »

Se considérant comme privilégiée d’avoir reçu plusieurs bourses pour ce projet (FRQS, IRSC), dont une bourse de recrutement de la Faculté de médecine, Alida Esmail est reconnaissante de cette aide qui permettra d’avancer ses recherches et de développer de nouvelles avenues en sciences de la réadaptation au Québec.

Articles reliés