La colchicine, un anti-inflammatoire peu coûteux, pourrait prévenir les crises cardiaques et les AVC chez les diabétiques de type 2, selon des chercheurs de l’Institut de cardiologie de Montréal.
Nommé COLCOT-T2D (pour Colchicine Cardiovascular Outcomes Trial-Type 2 Diabetes), ce projet est le second volet de la vaste étude internationale COLCOT, qui a démontré que la colchicine réduit le risque de nouvel incident cardiovasculaire chez les patients ayant subi une crise cardiaque.
À la suite de ces résultats prometteurs, qui ont été publiés la semaine dernière dans le prestigieux New England Journal of Medicine et présentés simultanément au congrès scientifique de l’American Heart Association, le docteur Jean-Claude Tardif, chercheur principal de l’étude et directeur du Centre de recherche de l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM), a voulu pousser l’évaluation plus loin.
« Les diabétiques qui ne sont pas porteurs d’une maladie cardiaque ont sensiblement le même risque cardiovasculaire qu’une personne non diabétique qui a déjà été victime d’un infarctus, explique le chercheur, également professeur au Département de médecine de l’Université de Montréal. Ces personnes présentent de l’inflammation et sont à risque de problèmes cardiaques multiples. Nous pensons donc que réduire l’inflammation pourrait diminuer de façon marquée chez elles les risques cardiovasculaires et cérébrovasculaires. »
Dès les premiers mois de 2020, le docteur Tardif et son équipe tenteront ainsi de déterminer si l’administration de la colchicine à des patients diabétiques qui n’ont jamais eu de problème cardiaque, tel qu’un accident vasculaire cérébral (AVC) ou une crise cardiaque, permettra de prévenir un premier incident de ce genre.
Une étude clinique de grande envergure
Pour tester cette hypothèse, le Centre de coordination des essais cliniques de Montréal (une division de l’ICM), l’un des grands centres internationaux de coordination d’études cliniques, se chargera de recruter à travers le Canada 10 000 patients atteints de diabète de type 2 n’ayant jamais eu de problème cardiaque ou cérébrovasculaire dans le passé.
« Comme dans l’étude COLCOT, ces patients recevront aléatoirement soit de la colchicine à faible dose, soit un placebo, précise le docteur Tardif. Nous les suivrons pendant quatre ans pour évaluer les risques de crise cardiaque et d’AVC, mais également de cancer, de troubles cognitifs et de démence. »
Le docteur Tardif s’est dit « très optimiste » qu’une réduction de l’inflammation s’avérera bénéfique pour les patients qui souffrent de diabète de type 2 compte tenu des résultats qu’il a obtenus récemment dans l’étude COLCOT. « Cette maladie, qui touche environ 400 millions d’individus sur la planète, peut bloquer les petits et les gros vaisseaux sanguins. Il est primordial de trouver des solutions afin de réduire les risques cardiaques et cérébrovasculaires des patients diabétiques. »