Interventions médicales : comment réduire la douleur et l’anxiété des enfants?

Limiter la douleur, l’appréhension, la peur et l’anxiété des enfants qui doivent subir des procédures médicales déplaisantes ou stressantes, tel est le cheval de bataille des docteures Evelyne D. Trottier et Marie-Joëlle Doré-Bergeron, pédiatres au CHU Sainte-Justine et professeures adjointes de clinique au Département de pédiatrie.

« Dans notre hôpital, les enfants sont fréquemment soumis à des procédures douloureuses, comme une prise de sang, une réparation de lacération ou une ponction lombaire. Des directives claires doivent permettre d’amoindrir la douleur liée à ces actions et nous nous devons d’en faire un volet à part entière de ces interventions », explique la docteure Trottier, pédiatre urgentiste.

Pour sensibiliser les professionnels de la santé à cette réalité et les outiller adéquatement, ces deux pédiatres ont participé à la rédaction d’un guide canadien de recommandations visant la prise en charge de la douleur procédurale chez les enfants, lors de brèves interventions diagnostiques et thérapeutiques. Chapeauté par la Société canadienne de pédiatrie (SCP), ce document se veut une référence pour les professionnels soignant des enfants, de même que pour les résidents en pédiatrie à travers le pays.

« Le soulagement de la détresse et de la douleur associées à certains gestes médicaux fait partie intégrante de soins de qualité, ajoute la docteure Doré-Bergeron, spécialisée en prise en charge de la douleur chronique. Nous voulions générer un document de référence pour guider les cliniciens quant aux bonnes pratiques de gestion de la douleur procédurale, basé sur la littérature scientifique existante. »

Pour les deux pédiatres, adopter ces techniques permet non seulement de réduire l’inconfort du patient, mais aussi de faciliter ses soins. En effet, plusieurs stratégies permettent de réduire le temps de procédure pour les professionnels et d’améliorer le taux de réussite du premier coup. « Également, bien prendre en charge la douleur et la détresse procédurales minimise les conséquences à long terme pour l’enfant. La détresse reste ancrée, les expériences traumatisantes marquent », affirme la docteure Doré-Bergeron.

Une approche multimodale

Classées en fonction des types d’interventions, les stratégies proposées par le guide de la SCP sont tant physiques, psychologiques que pharmacologiques. Parmi celles-ci se retrouvent notamment le contact peau contre peau pour le nourrisson, la distraction chez les enfants, la respiration profonde pour les jeunes plus âgés, la musicothérapie, les crèmes anesthésiantes, l’analgésie systémique et la sédation légère.

Et l’idée est de les combiner pour accroître leur efficacité et ultimement améliorer l’expérience du patient, du parent et du professionnel de la santé.

À l’urgence de Sainte-Justine, par exemple, les tuiles des plafonds ont été peintes par les enfants d’employés pour représenter des univers aquatiques, des animaux et des formes, afin de distraire l’enfant allongé.

« Pour certaines procédures, nous pouvons donner un gaz analgésique et anxiolytique, appelé Nitronox, précise la docteure Trottier. On l’utilise en combinaison avec la distraction, en demandant tout d’abord à l’enfant de chercher des images de la mer au plafond. Pour faciliter l’acceptation du masque requis pour l’administration du Nitronox, nous pouvons, par exemple, lui suggérer de faire comme un plongeur équipé pour nager vers les poissons. »

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Le document de principes intitulé « La gestion de la douleur et de l’anxiété chez les enfants lors de brèves interventions diagnostiques et thérapeutiques » a été rédigé par les docteures Evelyne D. Trottier, Marie-Joëlle Doré-Bergeron, Laurel Chauvin-Kimoff, Krista Baerg et Samina Ali, en collaboration avec le Comité de soins aigus, la Section de la pédiatrie hospitalière, la Section de la pédiatrie communautaire et la Section de la médecine d’urgence pédiatrique.

En parallèle avec ce guide de recommandations, un projet hospitalier est actuellement en progression au CHU Sainte-Justine : Tout doux. En partie financé par la Fondation CHU Sainte-Justine, ce projet vise à améliorer la prise en charge de la douleur et de la détresse procédurales, en favorisant l’utilisation des stratégies physiques, psychologiques et pharmacologiques.

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Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux

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