Réorienter leurs recherches afin de prioriser les avancées en lien avec le nouveau coronavirus, tel est le mandat que s’est donné un large groupe de chercheurs affiliés au Département de biochimie et médecine moléculaire.
« Comme nous sommes tous des collègues issus du même département tissé serré, nous avons réalisé qu’en s’associant, nous possédons tous les outils et les expertises nécessaires pour avoir un impact positif », explique Stephen Michnick, un des chercheurs du groupe. Monsieur Michnick explique qu’essentiellement, ses collègues et lui ont « adapté leurs projets de recherche déjà existants à la crise actuelle », afin d’accélérer les découvertes et leurs applications pour contrer le virus.
Pour ce dernier, qui s’intéresse au fonctionnement des gènes et à leurs interactions en tant qu’ensemble, cela se traduit par l’application de son approche à l’étude de l’interaction du coronavirus avec la cellule humaine. « En identifiant les cibles moléculaires du virus, nous pourrions être en mesure de prédire si certains médicaments existants peuvent agir pour prévenir ces interactions », précise-t-il.
S’intéressant aux mécanismes moléculaires et à leurs rôles dans l’apparition de maladies, James G. Omichinski, Gerardo Ferbeyre, Pascale Legault et Pascal Chartrand se penchent pour leur part sur les processus par lesquels le coronavirus parvient à désactiver les mécanismes de défense de la cellule humaine. Ils étudient également comment les interactions moléculaires entre le coronavirus et les cellules humaines sont affectées par des médicaments potentiels, comme la quercétine, la colchicine et la chloroquine, trois composés actuellement à l’étude pour le traitement de la COVID-19.
Adrian Serohijos, quant à lui, développe des modèles computationnels pour prédire l’évolution des organismes pathogènes à l’intérieur des cellules humaines. D’abord élaborée pour les microbes, cette technique pourrait très bien être appliquée aux virus, pense monsieur Serohijos. « Comme une grande partie des infrastructures et des techniques que nous prévoyons utiliser dans la lutte contre le coronavirus sont déjà en place, nous sommes prêts pour ajouter la COVID-19 à nos projets », affirme monsieur Serohijos.
Combiner la recherche fondamentale à la clinique
De nature d’abord fondamentale, ces recherches s’inscrivent également dans une mouvance de recherche translationnelle, soit l’arrimage de la recherche fondamentale en laboratoire aux besoins de la pratique en clinique.
L’équipe s’est effectivement associée à deux cliniciens-chercheurs affiliés à la Faculté de médecine, les docteurs Michel Chrétien et Jean-Claude Tardif, qui sont respectivement derrière les études cliniques sur la quercétine et la colchicine.
Les chercheurs collaborent également avec un ancien étudiant du département, Jimmy Dikeakos, vice-président de la Société canadienne pour la virologie, travaillant aujourd’hui à l’Université Western, en Ontario. Cette institution possède les infrastructures pour cultiver le coronavirus, de sorte qu’il est possible d’observer directement les interactions du virus dans la cellule. « Tout ce que nous faisons sur le campus peut donc être testé directement et presque simultanément sur le virus en culture cellulaire », indique monsieur Michnick.
« Je suis particulièrement fière de cette initiative lancée par un noyau de chercheurs du Département de biochimie et médecine moléculaire. Cela montre que nous pouvons faire des recherches vraiment importantes au département et sur le campus même de l’université, au pavillon Roger-Gaudry », conclut Pascale Legault, chercheuse impliquée dans ce projet et directrice du Département de biochimie et médecine moléculaire.
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L’équipe vient de soumettre au Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS) une demande de financement pour l’ensemble des chercheurs :
- Stephen Michnick, professeur titulaire
- James G. Omichinski, professeur titulaire
- Adrian Serohijos, professeur adjoint
- Pascale Legault, professeure titulaire et directrice du département
- Pascal Chartrand, professeur titulaire
- Gerardo Ferbeyre, professeur titulaire
- Jimmy Dikeakos, professeur agrégé à l’Université Western
- Michel Chrétien, professeur émérite et chercheur à l’IRCM
- Jean-Claude Tardif, professeur titulaire au Département de médecine et chercheur à l’ICM
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Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux