Depuis le début de sa carrière, le Dr Stanley Nattel ne cesse de cumuler les titres et les honneurs. Cardiologue clinicien et chercheur à l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM), dont il a dirigé le Centre de recherche de 1990 à 2004, il est titulaire de la Chaire Paul-David en électrophysiologie cardiovasculaire de l’Université de Montréal et est notamment fellow de la Société royale du Canada, du American College of Cardiology et de la Heart Rhythm Society. Cette dernière lui a récemment décerné un prestigieux prix pour sa contribution unique à la recherche en matière de rythme cardiaque. Pas mal pour quelqu’un qui ne se destinait pas à la médecine.
« J’ai grandi à l’ère des avancées scientifiques, de la bombe atomique et de Spoutnik. À cette époque, les physiciens étaient des héros » raconte le Dr Nattel, qui est né en Israël de parents Juifs polonais en 1951 et est arrivé au Canada à l’âge d’un an et demi. « Mon père et ma mère croyaient que j’étais fait pour être médecin et j’ai même été accepté dans un programme accéléré à McGill. Mais je me suis désisté et j’ai plutôt suivi des cours en physique, maths et chimie. » Après un an d’études et des discussions avec ses professeurs, le jeune Stanley se rallie toutefois à l’avis de ses parents. « Le métier de physicien, c’est très abstrait. Écrire et penser tout seul dans un bureau, ce n’était pas ce que j’avais envie de faire. Je voulais aider les gens. »
J’ai grandi à l’ère des avancées scientifiques, de la bombe atomique et de Spoutnik. À cette époque, les physiciens étaient des héros.
Stanley Nattel complète son baccalauréat en médecine à McGill en 1974. Il entreprend ensuite une formation en pharmacologie clinique, toujours au sein de la même université, qui aura un impact important sur son parcours professionnel. « J’ai réalisé en effectuant ce programme que la base scientifique pour la vaste majorité des choix thérapeutiques était très faible, explique celui qui a aussi étudié en cardiologie clinique et en recherche fondamentale aux États-Unis. J’ai consacré le reste de ma carrière à remédier à cette situation pour mes spécialités, la cardiologie et les arythmies cardiaques. »
Avec brio puisque son laboratoire à l’ICM est un chef de file mondial dans la recherche sur la fibrillation auriculaire, un type d’arythmie très fréquent chez les personnes âgées. « Quand j’ai commencé à m’intéresser à ce problème à la fin des années 1980, il y avait très peu d’études à ce sujet », se souvient le Dr Nattel, qui s’est joint au corps professoral de McGill en 1981 et à celui de l’Université de Montréal en 1987. « Mais avec le vieillissement de la population, on risque d’assister à une véritable épidémie ! » Heureusement, les travaux du Dr Nattel sur ce trouble, relatés dans plus de 200 articles scientifiques, ont fait grandement avancer les connaissances. « Si l’on comprend mieux les mécanismes, on peut mieux soigner », résume-t-il.
Quand il n’est pas avec ses patients, ses étudiants ou ses collègues, le Dr Stanley Nattel passe du temps avec sa femme, ses quatre enfants et quatre petits-enfants, ses parents octogénaires et ses deux sœurs cadettes. « Être avec ma famille, ça me permet de faire une pause », dit celui qui, en tant que juif pratiquant, étudie le Talmud chaque jour et l’enseigne une fois par semaine. « Faire de la recherche, c’est stressant et exigeant. Mais lorsqu’on est passionné par ce que l’on fait, comme c’est mon cas, c’est le meilleur métier qui soit. »
Décembre 2013
Rédaction : Annik Chainey